Accord « historique » entre le Rwanda et la RDC : un tournant diplomatique sans précédent.

12/6/2025

Accord « historique » entre le Rwanda et la RDC : un tournant diplomatique sans précédent.

Présenté par Kinshasa et Kigali comme un « accord historique » , le nouveau cadre de coopération entre la République démocratique du Congo et le Rwanda devait marquer un apaisement majeur dans une région minée par des années de tensions.
Officiellement, ce rapprochement promet de réduire les hostilités , relancer la coopération régionale et ouvrir une nouvelle ère de stabilité à l'Est de la RDC .

Pourtant, sur le terrain, la situation reste inchangée. Des combats persistants, les populations continuent de fuir, et les groupes armés — notamment le M23 — restent actifs. Cette contradiction alimente le scepticisme. Une université congolaise basée en Europe résume ainsi la perception générale : « On nous annonce un accord de paix, mais rien n'a changé pour les Congolais de Rutshuru ou de Masisi. Comment parler d'avancée historique quand la réalité quotidienne reste la même ? Au cœur du débat se trouve la nature réelle de l'accord. Selon plusieurs analystes présents, l'impression dominante est que la dimension sécuritaire , pourtant présentée comme la priorité absolue, semble reléguée au second plan . À la place, l'accord mettra davantage l'accent sur les minéraux stratégiques — cobalt, coltan, lithium — des ressources essentielles pour les industries technologiques mondiales.

Un diplomate africain en poste à Bruxelles confie : « Ce type d'accord est toujours présenté sous l'angle de la paix. Mais dans la région des Grands Lacs, les enjeux miniers ne sont jamais loin. Il serait naïf de croire que Kigali et Kinshasa signent un texte uniquement par idéal pacifique. » Dans ce contexte, la question qui se pose est la suivante :
Félix Tshisekedi a-t-il été suffisamment informé ou conseillé sur les implications profondes de cet engagement ?
Certains cadres de la diaspora évoquent même un possible « piège diplomatique » alimenté par une communication trop optimiste de son administration. La population attendait en premier lieu un cessez-le-feu réel , un retrait des groupes armés et une sécurisation durable du Nord-Kivu.
Or ces éléments restent absents ou flous dans le texte, selon plusieurs observateurs. « Un accord sans mécanisme de vérification sur le terrain n'est qu'un vœu pieux », estime une ONG congolaise basée à Goma. Le Congo détient plus de 60 % du cobalt mondial et de vastes réserves de coltan.
Toute entente régionale tient donc les salutations des partenaires internationaux.
La crainte exprimée par de nombreux Congolais est que la RDC cède une partie de son contrôle économique en échange de promesses sécuritaires incertaines.

Pour Tshisekedi, Dans un contexte électoral tendu et avec une opinion publique sensible aux questions de souveraineté, Tshisekedi joue gros.
S'il apparaît comme ayant fait trop de concessions , l'impact politique pourrait être significatif. La de la diaspora congolaise sur les réseaux sociaux, et les associations congolaises en Europe et en Amérique du Nord expriment majoritairement un scepticisme marqué. « On ne peut pas parler d'accord de paix pendant que nos familles continuant de se cacher dans les forêts », témoigne un membre de la diaspora à Montréal. Certains craignent également une marginalisation du Parlement et des institutions congolaises dans la négociation de textes de cette ampleur. Les réactions officielles restent enregistrées. Certains gouvernements africains saluent l'initiative, tandis que d'autres appellent à une prudence stratégique, rappelant les accords précédents qui n'ont pas résisté aux réalités du terrain.

Les perspectives de L'accord, même controversée, offrent une fenêtre diplomatique qui pourrait être exploitée si certaines conditions sont remplies :

  • Mise en place d'un mécanisme indépendant de vérification sécuritaire

  • Transparence totale sur les volets miniers et économiques

  • Implication accumulée des institutions congolaises et de la société civile

  • Engagement public des deux États à cesser tout soutien, direct ou indirect, aux groupes armés

Si ces garanties ne sont pas offertes, l'accord risque de rejoindre la longue liste des initiatives sans lendemain dans la région des Grands Lacs.

Comme le souligne un expert régional :

« Les accords ne manquent pas en Afrique centrale. Ce qui manque, ce sont des actes. Sans un changement concret sur le terrain, celui-ci sera perçu comme un texte de plus, sans portée réelle. »

William Tshisekedi Rédacteur Mag-info ch