Paul Biya, doyen des chefs d'État africains, de retour à Genève – Sa candidature à un nouveau mandat suscite l'indignation


Paul Biya, doyen des chefs d'État africains, de retour à Genève – Sa candidature à un nouveau mandat suscite l'indignation
Le président camerounais Paul Biya, âgé de 92 ans, est de retour à Genève, selon une information publiée par Le Temps le 21 septembre 2025. Fidèle à ses habitudes, le chef de l'État a de nouveau pris ses quartiers à l'Hôtel Intercontinental, un établissement cinq étoiles réputé pour accueillir chefs d'État et diplomates, mais dont la fréquentation régulière par le président camerounais soulève depuis des années des critiques virulentes, tant au sein de la diaspora que dans son propre pays.
Cette nouvelle visite à Genève intervient dans un contexte politique tendu : Paul Biya a récemment annoncé sa candidature à sa propre succession, pour un énième mandat à la tête du Cameroun. Une décision qui alimente la controverse, tant l'état socio-économique du pays reste préoccupant, et alors que de nombreuses voix réclament un renouveau générationnel.
Un luxe suisse qui fait grincer des dents
Le séjour de Paul Biya à Genève, dans l'un des hôtels les plus luxueux d'Europe, est perçu par de nombreux Camerounais comme une provocation, dans un pays où plus de 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté.
« C'est scandaleux », déclare un membre de la diaspora camerounaise interrogé par MAG-INFO.ch. Vivant en exil, il dénonce l'écart criant entre le train de vie présidentiel et la réalité quotidienne des citoyens :
« Le Cameroun est classé parmi les pays les plus pauvres du monde. Après plus de quarante ans de règne, Paul Biya n'a même pas pensé à construire un hôtel de ce niveau dans son propre pays. Pendant ce temps, la misère est visible dans chaque recoin du Cameroun : routes délabrées, hôpitaux vétustes, écoles sous-équipées... rien ne fonctionne. »
Il s'interroge également sur les intentions réelles du président, qui brigue un nouveau mandat malgré son âge avancé et un bilan controversé :
« On se demande ce qu'il cherche encore. Tous les dirigeants des institutions sont vieillissants, et les jeunes sont abandonnés à eux-mêmes. »
Un règne interminable
Paul Biya est au pouvoir depuis 1982, ce qui fait de lui l'un des chefs d'État ayant le plus long règne au monde. Sa longévité politique, combinée à une gouvernance qualifiée de verrouillée, a étouffé toute véritable alternance démocratique. Si ses partisans louent sa stabilité, ses opposants y voient une stagnation institutionnelle, marquée par une personnalisation excessive du pouvoir et une absence de perspectives pour les jeunes générations.
Une diaspora mobilisée
À chaque visite de Paul Biya à Genève, des manifestations sont régulièrement organisées par la diaspora camerounaise en Suisse et ailleurs en Europe. Les critiques portent non seulement sur le coût de ces séjours jugés somptuaires, mais aussi sur leur fréquence, qui alimente les rumeurs sur l'état de santé réel du président.
Alors que la perspective d'une nouvelle candidature soulève un tollé, de nombreux observateurs s'interrogent : le Cameroun peut-il continuer sur cette trajectoire sans remettre en question ses choix politiques fondamentaux ? Le retour de Paul Biya à Genève relance une fois de plus le débat sur l'avenir du pays et sur la capacité de son élite dirigeante à répondre aux aspirations d'un peuple en quête de changement.
William Tshisekedi Rédacteur Mag-info.ch