RDC : Joseph Kabila propose un pacte citoyen pour sauver le pays

5/26/2025

RDC : Joseph Kabila propose un pacte citoyen pour sauver le pays

Touché par la levée de ses immunités parlementaires au Sénat, l'ancien président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila Kabange est sorti de son silence légendaire. L'homme qui s'est exilé depuis 2023, s'est adressé aux Congolais vendredi 23 mai 2025 via un message retransmis via les réseaux sociaux.

Joseph Kabila, dans son long discours de près de 45 minutes, est longuement revenu sur la gouvernance de Félix Tshisekedi, son successeur. Pour lui, cette sortie médiatique est justifiée par la gravité de la situation que traverse le pays.

"Me taire encore aurait été un crime devant l'histoire", a-t-il déclaré d'entrée de jeu, avant d'accuser le régime de Kinshasa d'avoir dilapidé l'héritage de l'alternance pacifique intervenue en janvier 2019.

Aussi, le président national du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) a dénoncé dans son speech, "une dérive autoritaire, une concentration excessive du pouvoir, et un effondrement de la cohésion nationale".

Pour lui, l'administration de Tshisekedi a érigé "le populisme, la démagogie, le mensonge, l'arrogance, l'institutionnalisation du tribalisme" comme des politiques du gouvernement rendant davantage le pays vulnérable.

"En revanche, érigées en politique du gouvernement, le populisme et la démagogie, le mensonge et l'arrogance, la discrimination et la stigmatisation de certaines composantes de notre peuple, l'institutionnalisation du tribalisme et du népotisme, l'opposition des communautés nationales les unes aux autres, les discours de haine et l'injustice ainsi que l'impunité, ont d'autant plus aisément détruit la cohésion nationale et le vivre ensemble que l'opulence outrancière et le non-respect de la parole donnée sont les maîtres mots de la classe politique au pouvoir; ce qui a rendu le pays fragile et donc, vulnérable", a-t-il déploré.

Au sujet du Parlement congolais, l'ancien Chef de l'État estime qu'il est devenu une "chambre d'enregistrement".

"Face à cette dérive, le Parlement a abdiqué de sa mission constitutionnelle de contre-pouvoir. Il a ainsi cessé d'être le temple de la démocratie, le lieu par excellence de l'expression législative de la volonté du souverain primaire pour ne plus être qu'une chambre d'enregistrement de la volonté d'une seule personne", a indiqué Joseph Kabila, avant de critiquer la justice, qu'il qualifie de "soumise et instrumentalisée".

"Quant à la justice, garante constitutionnelle des libertés publiques et du socle des valeurs, qui structurent notre identité et forgent notre unité, elle a complètement démissionné de ses responsabilités, se laissant ouvertement instrumentalisée à des fins politiques. Elle n'est donc plus qu'un instrument d'oppression d'une dictature qui tente désespérément de survivre, à contre-courant de l'histoire, par la terreur et l'imposition de la pensée unique, rôle peu louable qu'elle partage avec les milices tribales ainsi que la police et les services de renseignements, eux aussi détournés de leur noble mission de protection des citoyens et de sécurisation de l'État", a-t-il dénoncé.

Au sujet de la gouvernance économique actuelle, Joseph Kabila Kabange affirme qu'elle est marquée par "la résurgence de l'inflation, la montée de la dette et la recrudescence de la pauvreté.

Sur le plan sécuritaire, il a dénoncé le recours à des "groupes armés", milices tribales et forces étrangères", affirmant que l'armée nationale a été "humiliée et déconsidérée". A titre d'exemple, il a évoqué des "massacres impunis" commis notamment à la prison de Makala contre des détenus, à Goma contre les Wazalendos et à Kilwa.

Kabila et ses 12 engagements

Eu égard à tout ce qui précède, le prédécesseur de Félix Tshisekedi a appelé à un "sursaut patriotique" à travers un "pacte citoyen", articulé autour de douze engagements, dont : "Mettre fin à la dictature

Arrêter la guerre ; Rétablir l'autorité de l'État sur toute l'étendue du territoire national ;

Restaurer la démocratie en revenant aux fondamentaux d'un véritable État de droit ;

Rétablir les libertés fondamentales ;

Réconcilier les Congolais et reconstruire la cohésion nationale ;

Relancer le développement du pays par la mise en place d'une bonne gouvernance économique, d'une gestion administrative et financière orthodoxe, et d'une répartition équitable des ressources nationales ; Relancer le dialogue sincère et permanent avec tous les pays voisins en vue de l'instauration de la paix et du développement durables dans la région ;

Rétablir la crédibilité du pays auprès des partenaires, aux niveaux tant régional, continental qu'international ;

Neutraliser tous les groupes armés nationaux et étrangers, et, rapatrier ces derniers dans leurs pays d'origine ; Mettre définitivement fin au recours et à l'utilisation des mercenaires, Ordonner le retrait, sans délai, de toutes les troupes étrangères du territoire national.

Kabila bientôt à Goma

Toujours dans son message, celui qui ne sera plus appelé "senateur à vie" a annoncé qu'il allait se rendre dans les prochains jours à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu.

Il a de ce fait dénoncé la réaction du pouvoir en place face à une rumeur répandue quant à ce, et qui a conduit à plusieurs décisions de justice et d'autres institutions du pays comme le Sénat.

« Il y a quelques jours en effet, suite à une simple rumeur de la rue ou des réseaux sociaux, sur ma prétendue présence à Goma, où je vais me rendre dans les prochains jours, comme annoncé par ailleurs, le régime en place à Kinshasa a pris des décisions arbitraires avec une légèreté déconcertante », a-t-il déclaré dans son message.

Par ailleurs, il a accusé le gouvernement d'avoir "abandonné les populations de l'Est et de les avoir punies, notamment en déconnectant les institutions financières locales du réseau bancaire national", et en restreignant les mouvements des personnes et des biens".

"Ces décisions et bien d'autres vous asphyxient et rendent votre vie plus précaire que jamais", a ajouté Joseph Kabila.

Il a aussi appelé à humaniser les conditions de vie dans cette partie du pays, et a exhorté les autorités à protéger la population. Il a également souligné que "l'armée, la justice et les autres structures en charge de l'ordre et de la sécurité doivent être véritablement au service de la population et répondre à ses aspirations".

Au finish, Joseph Kabila appelle à une mobilisation nationale pour sauver le pays.

William Tshisekedi Rédacteur

Mag-Info.Ch